Réponse Houmbaba : Quel est l’état de référence déterminé par l’espace occupé par les milieux ouverts ? Le néolithique ? Le haut Moyen-âge, le 19e ou le début du 21e siècle ?
La diversité et la productivité végétales ont toujours dépendu de la diversité des ongulés sauvages. La densité des grands herbivores, et celle des prédateurs, résultent de la productivité végétale. Avant que dans les régions utilisées par l’homme depuis des siècles, les activités agricoles anciennes n’aient substitué les troupeaux domestiques aux grands herbivores sauvages.
Les estives ont d’abord été fabriquées par les vaches dans les Alpes et en général dans les hautes altitudes, en raison des risques d’enneigement plus ou moins permanent. Et les systèmes pastoraux ont en commun d’utiliser généralement une « guilde » d’herbivores plutôt qu’une seule espèce. Simplement parce que plusieurs types d’abroutissement produisent plus de variabilité (composition et structure) de la végétation, donc plus de biodiversité et de potentiel naturel valorisable à la fois pour les espèces domestiques et sauvages.
Toutefois, l’évolution récente des pratiques pastorales, notamment de l’élevage ovin selon un mode « extensif/intensif », indépendamment de la présence du loup, a eu un impact sur la qualité des milieux naturels[1]. L’arrivée du loup et les mesures de protection préconisées peuvent aussi avoir un impact sur la biodiversité, en modifiant l’utilisation des alpages et par la présence des chiens de protection.
Alors oui, le paysage est le résultat de la dimension « métabolique » de la relation d’une société à son territoire. L’élevage est une dimension majeure de l’identité des sociétés. A travers un paysage, on peut lire beaucoup des manières d’un peuple ou d’une communauté : comment il mange ? Qu’est-ce qu’il mange ? Comment il l’habite ? L’élevage et le pastoralisme sont un des lieux de l’identité française. Qu’ils s’agissent de vaches ou de moutons, ces usages produisent du paysage, des matières et des biens (lait, fromage, viande, cuir…), une culture… et de la biodiversité. Laquelle n’est ni meilleure ni plus intéressante que celle qui prévalait il y a mille ans, cinq cents ou cent cinquante ans. Pas plus qu’il n’existe d’espèces nuisibles en soi, il n’existe d’espèces remarquables en soi.
Il serait temps de comprendre que lorsque tous les savoirs, les standards et les publications scientifiques internationales définissent un animal, le loup, comme une espèce clef de voûte, cette dernière a les capacités de définir les conditions dans lesquelles s’individualise un écosystème dans le sens d’une augmentation de sa vitalité et de sa robustesse. Dès lors, il est surprenant de constater qu’en France, on ne s’attache pas à raconter la réalité des effets du loup sur les règnes du vivant, végétal et animal, auxquels la société participe, et desquels elle tire partie de ses ressources (sols, forêts[2], rivières…) et organise ses usages.
Mais lorsque l’on voit les effets politiques, sociaux et philosophiques, du retour de cet animal, il est bien surprenant – et incompréhensible – de constater qu’aucun dispositif scientifique transdisciplinaire sérieux n’a été mis en place pour interroger la biodiversité -et les services écologiques- produits du point de vue du retour du loup dans les territoires et les paysages qu’ils occupent désormais. Et sans doute pour longtemps..
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