Plan de Prévention du Risque de Prédation (PPRP) dans la Double

Animation du Réseau d’entente du PPRP, en collaboration avec Eric Guttierez et l’équipe du CIVAM Produire, Partager, Manger, Local. https://www.civam.org/ppml/

Le PPRP, pour quoi faire ?

Que nous le souhaitions ou non, le retour des grands prédateurs, dont le loup, dans un cadre environnemental protégé, nous oblige à réorganiser nos pratiques traditionnelles d’élevage en plein air pour y intégrer les techniques de protection.

Le PPRP, c’est qui ?

Le PPRP a été initié par des éleveurs inspirés par la rencontre avec Antoine Nochy. Il est élaboré par l’équipe du CIVAM PPML en partenariat avec des scientifiques. Il est mis en œuvre avec l’aide des habitants du territoire.
Tous ont décidé de dépasser le clivage « Pour ou Contre » le loup et se sont engagés à préserver l’élevage de plein air, le considérant comme le système de production de produits laitiers et carnés le plus adapté aux enjeux environnementaux, économiques et sociétaux.

Le PPRP, c’est quand ?

Puisqu’il est protégé partout et que son nombre est en expansion, le loup réoccupera à terme tout le territoire français. Nous considérons donc que l’intégralité de la Gironde comme la Dordogne sont « fronts de colonisation » et donc exposés à la prédation.
Au cours de sa dispersion, l’animal peut parcourir de vastes zones dans l’objectif de s’installer.
Souvent seul, sa présence n’est pas repérée et son comportement s’apparente à celui d’un grand canidé, ne bénéficiant pas encore de la force de la meute.
Cette période, que le regretté Antoine Nochy, appelait « le temps du loup » doit être celle de l’anticipation avec la mise en place des différentes mesures connues et autorisées face à un animal qui n’est pas encore sûr de lui et de son territoire : introduction raisonnée de chiens de protection, gardiennage, clôtures électriques, adaptation des conduites d’élevage.
Après cette période (durée non étudiée mais estimée entre 5 à 10 ans), les éleveurs devront faire face à une, puis plusieurs meutes et tout deviendra beaucoup plus complexe.

Le PPRP, c’est quoi ?

Collecter, échanger, imaginer, expérimenter, mesurer pour adapter nos systèmes de conduite d’élevage et mettre en œuvre des techniques de protection des troupeaux.
Le PPRP, c’est aussi mobiliser les citoyens, élus et pouvoirs publics (parce que se nourrir est l’affaire de tous) pour pallier l’absence d’aides de l’état en amont du classement de la zone au sein du Plan National Loup.

https://www.civam.org/wp-content/uploads/2024/01/resume-PPRP-actualise-version-12-avril-2023.pdf

« Penser comme une montagne » : enjeux épistémologiques et anthropologiques du retour du sauvage

« Dans l’usage de la terre, on est ce que l’on pense »
Aldo Léopold, Almanach d’un comté des sables 1

Le retour du sauvage comme paradoxe de la modernité.

Dans tous les pays dits « développés », la puissance économique, qui est le propre de notre civilisation industrielle et la marque de la modernité, a pour effet paradoxal de laisser jusqu’à 30 % du territoire national hors des circuits productifs classiques, créant progressivement des poches de déprise rurale qui sont autant de zones à l’abandon par où revient le loup. Le loup, ce prédateur dont l’éradication fut un des premiers critères de la modernité, exprime donc dans son retour la dimension saugrenue d’une civilisation aboutie qui produit en son sein des poches de sauvagerie caractérisées par une spontanéité biologique imprévue, improbable, innovante.
Le sauvage, considéré ici comme ce qui résiste à la volonté humaine et à la représentation en ce qu’il produit de l’impensé, nous révèle la dimension négative de notre projet de civilisation : nous vivons loin de la nature, nous avons toujours eu peur de sa puissance dévorante, nous nous réfugions dans une dynamique culturelle pour laquelle la domination et la domestication de la nature restent des valeurs fondatrices.
Le sauvage exige d’abord une réflexion sur l’altérité. Nous verrons que la figure réelle d’Autrui pour l’homme, ce n’est pas l’autre homme mais d’abord le prédateur. Le sauvage est ce qui dévoile notre incapacité de parler de la mort, et de la vie (si la vie est bien, comme le dit Bichat, l’ensemble des forces qui résistent à la mort), autrement que d’un point-de-vue moral, et donc morbide au sens nietzschéen du terme. Les discussions autour des prédateurs restent le plus souvent des débats moraux, alors que penser le sauvage relève d’abord d’une réflexion éthique s’engageant radicalement sur des valeurs ou des perspectives vitales, ce que Canguilhem appelle des « allures de vie »2 (…)

Lire l’article complet : http://www.houmbaba.com/penser-comme-une-montagne-enjeux-epistemologiques-et-anthropologiques-du-retour-du-sauvage/(ouvre un nouvel onglet)