Réponse Houmbaba : Comme tout super prédateur, historiquement il est exact que le loup peut s’en prendre potentiellement à l’homme, lorsqu’il n’a plus rien à se mettre sous la dent ou dans des circonstances particulières. Dans un écosystème dégradé et très peuplé, comme ce fût le cas des Cévennes aux 18e et 19e siècles, des attaques sur la population se sont produites. Cela est avéré. Les Cévennes à l’époque abritent des loups, mais n’ont plus de forêt, pas de sanglier ni de cerf et de chevreuil.
9. Oui, le loup coute cher… au détriment des priorités de la biodiversité
Réponse Houmbaba : Les savoirs, les techniques et les standards internationaux d’étude, de suivi et de gestion du loup existent -depuis la date d’autorisation de l’utilisation de la capture scientifique avec le piège type « easy grap », testé en 2006 et qui a fait l’objet d’un dérogation d’utilisation pour la France en 2009- et ils n’ont pas été mis en place en France. Donc, si ça coûte cher, rien n’a été fait pour que ça coûte moins cher. Là est peut-être aussi l’objectif ou la raison cachée. Car si le loup coûte, il rapporte aussi beaucoup !
8. Oui, l’élevage de plein air est nécessaire pour les paysages et la biodiversité
Réponse Houmbaba : Quel est l’état de référence déterminé par l’espace occupé par les milieux ouverts ? Le néolithique ? Le haut Moyen-âge, le 19e ou le début du 21e siècle ?
La diversité et la productivité végétales ont toujours dépendu de la diversité des ongulés sauvages. La densité des grands herbivores, et celle des prédateurs, résultent de la productivité végétale. Avant que dans les régions utilisées par l’homme depuis des siècles, les activités agricoles anciennes n’aient substitué les troupeaux domestiques aux grands herbivores sauvages.
7. Oui, l’élevage de montagne résiste bien, si on ne lui impose pas le loup
Réponse Houmbaba : Les français consomment de moins en moins de mouton, c’est là une réalité. Toutefois, la France n’est autosuffisante qu’à 50% en viande ovine. Le parcours technique « extensif/intensif » produit un animal à un prix de vente qui, au cours du marché, ne permet généralement pas aux éleveurs de vivre. C’est aussi une autre réalité. Ceux qui s’en sortent sont ceux qui valorisent le mieux une production basée sur la qualité, la transformation, la reconnaissance et la transmission d’un savoir-faire. Une réflexion sur l’économie de la laine, le lait, la viande et le paysage reste donc toujours d’actualité.
6. Non, cela ne se passe pas bien avec les loups dans les autres pays européens
Réponse Houmbaba : Oui, effectivement, le loup est en mesure d’attaquer à tout moment, mais dans quelle proportion à l’échelle d’une région, d’un pays ? Avec quel taux de prédation (nombre relatif d’animaux tués/an, confirmés ou probables) ramené à des « indicateurs de référence » avec des populations présumées suivies de 100, 300, 500, 1000 loups et plus ? C’est là toute la question.
5. Oui, les chiens de protection deviennent un vrai problème
Réponse Houmbaba : Oui, ce peut être le cas en effet. Elever des moutons, ce n’est pas participer à l’industrie du tourisme. C’est d’abord produire de la viande, du lait ou du fromage et participer aussi activement à l’évolution des paysages notamment en zones de montagne. Dès lors l’activité d’élevage doit primer sur d’autres usages dans l’espace professionnel rapproché des éleveurs. Et il est normal que le touriste ne soit pas libre d’aller partout sur l’estive quand le berger s’y trouve avec son troupeau. Il faut savoir ce que l’on défend, et prévenir par son propre comportement des menaces ou des risques. Comment garder en sécurité avec des estivants qui traversent sans précaution les troupeaux ? Imagine-t-on des promeneurs entrer librement dans les entreprises ?
4. Oui, les éleveurs protègent leurs troupeaux, mais le loup s’adapte
Réponse Houmbaba : Oui, le loup s’adaptera toujours, mais l’adaptation aux aléas n’est-elle pas d’abord la première exigence et qualité de l’agriculture ?
Le problème clé de la protection d’un troupeau en situation d’attaque n’est pas tant de tuer le (les) individu(s) concerné(s) que d’entrer en relation avec lui(eux) au moment de l’attaque. Le loup n’est pas mauvais en soi, c’est le « loup dans la bergerie » qui est mauvais. Et la société n’a pas d’effort à faire pour cohabiter avec le loup.
3. Oui, les dégâts des loups sur l’élevage sont très importants
Réponse Houmbaba : Dans l’émission « les bergers du monde », un berger afghan considérait récemment que son entreprise de transhumance était mise à mal économiquement par le loup. Car cette année, il a eu beaucoup d’attaques. Il a eu 8 moutons tués.
Des amis américains ont mis en place une technique qui accepte qu’un animal protégé puisse produire des problèmes à l’activité humaine, toutefois sous la surveillance permanente d’équipes de suivis des meutes et de trappeurs professionnels, chargés d’intervenir systématiquement dès qu’il y a conflit avec l’élevage. Laquelle technique produit dans trois Etats du Nord-ouest des Etats-Unis (>850 000 km2), seulement 200 attaques/an sur la période 1987/2010, pour 1651 loups suivis et étudiés (244 meutes et 111 « breeding pairs »), pour environ 5 millions de vaches et 830 000 ovins[1]. Et avec des loups au moins deux fois plus gros que les « loups français » !
2. Oui, ce sont des loups qui tuent les moutons, pas les « chien errants »
Réponse Houmbaba : Il n’y a pas de statistiques sur les animaux tués par les chiens (déclarations non obligatoires). Mais les chiens « divagants[1] » ont toujours tué, et les éleveurs le savent bien. C’est donc lorsque les loups ont été officiellement présents sur le territoire qu’il a été nécessaire de différencier les attaques de loups (pour les indemniser) et de chiens. Il y avait donc bien des attaques de chiens, généralement de jour, avant l’arrivée officielle du loup.
Toutefois, le loup attaque les moutons en certaines circonstances, mais ce n’est pas systématique à l’échelle du territoire français.
1. Non, le loup n’est pas une espèce rare et menacée
Réponse Houmbaba : Ses effectifs sont à mettre en relation avec des changements profonds intervenus, en un siècle, dans les territoires et la société : rétablissement des forêts et des populations de grands ongulés, désertification des campagnes et urbanisation de la population, protection de l’espèce, création d’aires protégées…
S’il est de retour, il a aussi beaucoup reculé, comparé à sa répartition aux 18e et 19e siècles en France.
Un effectif de 250 loups (chiffre officiel en 2012/2013) le situe dans le critère reconnu au plan international par l’UICN, comme rare et menacé en France. Quoi qu’en progression constante depuis 20 ans, ce chiffre signifie toutefois que l’espèce reste rare sur le territoire français, et en Europe de l’Ouest.